2016 - La Fabrique de l'hérésie

2016 - La fabrique de l’hérésie. L’hérétique et ses représentations à l’époque moderne (Espagne, Portugal, Amérique) XVe-XVIIIe s.

1er et 2 décembre 2016 – Université Paul-Valéry, Montpellier 3

 

Auxiliaire des autorités ecclésiastiques dans la défense de l’orthodoxie, pièce essentielle des monarchies catholiques de la péninsule ibérique, le Saint-Office fut voué à garantir la discipline et à gagner l’obéissance des populations. Cherchant à s’assurer de nouveaux relais au sein de celles-ci, l’Inquisition n’eut de cesse de projeter le spectre de l’hérésie, pour mieux asseoir sa domination et cimenter l’unité des territoires des couronnes espagnole et portugaise dans la péninsule comme dans le Nouveau Monde.

 

La construction de l’autre constitue un moyen de bâtir l’image du groupe social et d’en renforcer les liens. La visibilisation de l’hérétique dans les sociétés de l’automne médiéval et de l’époque moderne empruntait divers canaux, à travers la figuration et la représentation du crime de lèse-majesté divine savamment mis en scène et orchestrés lors des autodafés. Forgée et diffusée par les édits de foi, par le cérémonial de l’Inquisition, par les prêches et les écrits, par la stigmatisation des hérétiques et de leurs familles (au moyen des san-benitos, des incapacités légales, etc.), la figure de l’hérétique informait les représentations collectives, creusant de nouveaux sillons dans le corps social et alimentant la crainte du diable. En signalant les dangers qui menaçaient la cité, l’image, la représentation et la mise en scène des cérémonies d’extirpation de l’hérésie constituaient autant de canaux destinés à magnifier l’institution et à entretenir la peur. Dans le même temps, les discours, les propos, les écrits, mais aussi les images firent l’objet de l’attention croissante de l’inquisition, soucieuse de débusquer les manifestations de l’hérésie et d’en contrer la diffusion, tout en créant, en contrepoint, un modèle de conduite auquel devaient se conformer les populations.

Ces journées seront articulées autour de trois axes :

 - L’hérésie et ses représentations : elles seront abordées à travers la construction et la projection de l’hérésie tant sur le plan de la définition des traits du crime d’hæresis que sur celui de la praxis inquisitoriale (édits de foi, élargissement des incriminations, institutionnalisation de la répression, etc.). La représentation de l’hérétique et de l’hérésie se retrouve également diffusée à travers les libelles, relaciones et canards, œuvres littéraires et picturales. Elle doit être interrogée à l’aune de sa réception dans la société du temps.

 - L’élargissement du périmètre d’intervention du Saint-Office et des supports : les discours et les écrits faisaient l’objet d’un encadrement croissant, notamment à la veille du concile de Trente, tout comme l’image, la musique et les chants, qui étaient tenus pour des vecteurs d’hérésie, susceptibles de motiver la saisine de l’Inquisition. Que devenait la pratique des magistrats lors du traitement judiciaire de ces matières peu familières à l’exercice inquisitorial ? Cet élargissement des attributions du Saint-Office fut progressif et, s’agissant de ces dernières, la place accordée aux qualificateurs et aux consulteurs dans le cadre des procédures, accrue.

 - L’Inquisition face aux discours : prêches, harangues, libelles, placards, écrits et dessins contre l’Eglise pouvaient constituer des manifestations de l’hérésie, de même que toute résistance à l’autorité de la cour ou toute critique à l’intervention et au fondement de l’autorité de celle-ci. À travers la criminalisation des discours critiques, l’hérétique était celui qui venait saper l’unité de l’Ecclesia mais aussi, indirectement, celui qui manifestait son opposition aux autorités de la couronne ou pactisait avec les ennemis de celle-ci. La diversité de supports identifiés comme vecteurs d’hérésie comme les discours de l’institution à leur égard constitueront un autre axe privilégié de ces journées.

 

Langues des communications et articles : anglais, espagnol, français, portugais.

Les communications retenues à l’issue des journées, et après évaluation par le comité scientifique, feront l’objet d’une publication dans la revue en ligne Cecil (Cahiers d’Etudes des Cultures Ibériques et Latino-américaines, UM3-UT2J). Date de remise des articles 1er avril 2017.

Dernière mise à jour : 15/12/2023