Soutenance de thèse

Le Vendredi, 12. décembre 2025 -
9:00 - 13:00
Salle des Actes, Université de Montpellier Paul-Valéry, Site Saint-Charles 1

Monsieur Jordan SOUCHET

soutiendra vendredi 12 décembre 2025 à 9 h

Salle des Actes n° 011 à l’Université de Montpellier Paul-Valéry

une thèse de DOCTORAT, préparée en cotutelle avec l’Université de Rome « La Sapienza » (Italie)

Discipline : Sciences du langage

Titre de la thèse : S’approprier le rythme du français parlé en didactique du FLE : vers une démarche poétique et proprioceptive

Composition du jury :

  • Mme Laura ABOU-HAIDAR, Professeure, Université Grenoble Alpes
  • Mme Veronic ALGERI, Professeure associée, Université de Rome III (Italie)
  • M. Jean-Louis CHISS, Professeur émérite, Université Sorbonne Nouvelle
  • M. Oreste FLOQUET, Professeur associé, Université de Rome « La Sapienza » (Italie), codirecteur de thèse
  • Mme Enrica GALAZZI, Professeure émérite, Université catholique du Sacré-Cœur (Italie)
  • M. Jérémi SAUVAGE, Professeur, Université de Montpellier Paul-Valéry, directeur de thèse
  • Mme Corinne WEBER, Professeure, Université Sorbonne Nouvelle

Résumé de la thèse :

Cette thèse examine l’appropriation du rythme du français parlé par des apprenants italophones, en proposant une démarche à la fois poétique et proprioceptive fondée sur la coordination entre prosodie, gestuelle et morphosyntaxe. Partant du constat que le rythme reste peu travaillé en didactique du FLE et souvent réduit à des modèles métriques, elle remet en question les conceptions traditionnelles et souligne la nécessité d’aborder le rythme comme une organisation dynamique du discours, étroitement liée au corps.

La première partie retrace l’évolution de la notion de rythme, depuis ses origines antiques jusqu’aux approches linguistiques contemporaines, en montrant comment la conception métrique issue de Platon a occulté une vision plus fluide et mouvante, pourtant plus adaptée au langage. Elle analyse ensuite la complexité du rythme du français parlé, marqué par l’accent final de groupe, la variabilité de la segmentation et l’imprévisibilité de l’accentuation. Enfin, elle interroge la place du rythme en didactique du FLE, encore largement influencée par la musique et l’écrit, et propose une approche renouvelée articulant poétique du discours et ancrage corporel.

La seconde partie présente deux études empiriques menées auprès d’apprenants italophones. La première montre qu’un travail corporel ciblé améliore la production du rythme : augmentation des syllabes accentuées sans disfluences, segmentation plus stable, meilleure synchronisation entre apex gestuels et accents finaux. La seconde compare quatre conditions d’enseignement (témoin, prosodique, gestuelle, proprioceptive). Les résultats suggèrent une efficacité supérieure de l’approche proprioceptive : stabilisation de l’accent final, diminution des disfluences et alignement plus fréquent entre geste et prosodie. Ces effets se maintiennent en lecture et résistent à la contrainte visuelle, signe d’un contrôle interne accru de la coordination. 

L’ensemble du travail confirme l’intérêt des pratiques corporelles pour l’appropriation du rythme du français parlé. Il ouvre des pistes pour une didactique du rythme plus attentive à la spécificité du discours et aux profils des apprenants, plutôt qu’au respect d’une métrique idéale difficilement transposable en parole spontanée. Ces résultats, encore exploratoires, demandent toutefois à être confirmés et approfondis par de futures recherches.

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This dissertation examines how Italian-speaking learners acquire the rhythm of spoken French, proposing a poetic and proprioceptive approach grounded in the coordination of prosody, gesture, and morphosyntax. Starting from the observation that rhythm remains underexplored in French-as-a-foreign-language pedagogy and is often reduced to metrical models, it challenges traditional conceptions and highlights the need to consider rhythm as a dynamic organization of discourse, closely connected to the body.

The first part traces the evolution of the notion of rhythm from its ancient origins to contemporary linguistic approaches, showing how the metrical conception inherited from Plato has overshadowed a more fluid and dynamic view that is in fact better suited to language. It then analyses the complexity of the rhythm of spoken French, characterized by final group stress, variable segmentation, and unpredictable accentuation. Finally, it questions the place of rhythm in FLE pedagogy—still largely influenced by music and writing—and proposes a renewed approach linking the poetics of discourse with bodily anchoring.

The second part presents two empirical studies conducted with Italian-speaking learners. The first shows that targeted bodily work improves rhythmic production: an increase in accented syllables without disfluencies, more stable segmentation, and better synchronisation between gestural apexes and final accents. The second compares four instructional conditions (control, prosodic, gestural, proprioceptive). The results suggest a higher effectiveness of the proprioceptive approach: stabilization of final accentuation, reduced disfluencies, and more frequent alignment between gesture and prosody. These effects persist in reading tasks and resist visual constraint, indicating enhanced internal control of coordination.

Overall, the work confirms the relevance of bodily practices for acquiring the rhythm of spoken French. It opens avenues for a rhythm pedagogy more attentive to the specificity of discourse and learner profiles rather than to an idealized metric pattern that is difficult to implement in spontaneous speech. These exploratory results nevertheless call for confirmation and further investigation in future research.

Dernière mise à jour : 03/12/2025